Pour éclairer les VSS – Épisode 1 : Agressions sexuelles facilitées par substances (AFS)
- Céline Gaschen
- 14 mai
- 3 min de lecture
Comprendre, nommer, prévenir et accompagner.
Les agressions sexuelles facilitées par substances sont encore trop peu reconnues, mal comprises et rarement qualifiées à la hauteur de leur gravité. Pourtant, elles concernent un nombre croissant de victimes, plongées dans le silence, l’amnésie, l’incrédulité sociale et l’impunité judiciaire.
L’affaire de Mazan — le procès hors norme dans lequel Gisèle Pelicot a témoigné de viols commis sous l’emprise de substances administrées par son mari — révèle avec violence ce que vivent tant de victimes dans l’ombre.
Ce premier épisode de la série « Éclairer les VSS » propose un éclairage à travers quatre prismes fondamentaux :
👉 Le droit
👉 La santé
👉 La prévention
👉 Le psycho-trauma
Parce qu’éclairer, ce n’est pas simplement dénoncer.C’est donner des clés de compréhension, d’action, de réparation.
Pour les victimes. Pour les professionnel·les. Pour la société toute entière.
⚖️ Dimension juridique : un procès hors norme
L’affaire des viols de Mazan, également appelée affaire Pelicot, est l’un des procès les plus marquants de ces dernières années en France. Entre 2011 et 2020, Dominique Pelicot a drogué sa femme, Gisèle Pelicot, à son insu, pour permettre à des dizaines d'hommes de la violer.
Le procès, qui s’est tenu à Avignon de septembre à décembre 2024, a vu 51 hommes jugés, dont 46 reconnus coupables de viol aggravé, 2 de tentative de viol et 2 d’agression sexuelle. Dominique Pelicot a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
Ce procès a mis en lumière les lacunes du système judiciaire face à ce type de violence, notamment en matière de qualification des faits et de reconnaissance de l’altération du consentement.
🩺 Dimension santé : des conséquences physiques et psychologiques majeures
Gisèle Pelicot a souffert pendant des années de symptômes inexpliqués : pertes de connaissance, douleurs, troubles cognitifs… Ces violences ont des impacts profonds sur la santé des victimes, souvent invisibles mais durables :
Risques accrus d’IST, blessures internes
Troubles du sommeil, de l’appétit, fatigue chronique
Anxiété, dépression, phobies, pensées suicidaires
Effondrement de la confiance corporelle et relationnelle
Une prise en charge globale, avec une coordination entre médecine générale, gynécologie, psychiatrie et soins psychotraumatiques, est essentielle.
🛡️ Dimension prévention : sensibiliser et former
Le CRAFS (Centre de Ressources pour les Agressions Facilitée par Substances) fait un travail exemplaire pour structurer une réponse nationale à ces violences :
Diffusion de connaissances scientifiques sur les AFS
Outils de détection à l’usage des professionnel·les
Formations dédiées (santé, justice, travail social, milieu festif)
Orientation vers des structures d’accueil spécialisées
Ces violences ne peuvent être mieux prises en compte que si elles sont mieux connues.
Pour en savoir plus 👉 https://lecrafs.com
🧠 Dimension psycho-trauma : comprendre et accompagner
Les AFS laissent souvent des trous de mémoire, des sensations d’intrusion sans image mentale, des douleurs diffuses. La mémoire traumatique est parfois fragmentée, voire inaccessible, ce qui ne diminue en rien la violence subie.
Les mécanismes psychotraumatiques liés aux AFS incluent :
Amnésie dissociative
Hypervigilance et flashbacks
Troubles anxieux et dépression
Sentiment d’irréalité, dissociation
Dégoût de soi, honte, culpabilité
Un accompagnement adapté, souvent long, nécessite des praticien·nes formé·es à la traumatologie complexe, au consentement, et à l’accueil du doute.
🎧 Pour aller plus loin : le podcast « Après Mazan »
Le podcast “Après Mazan” retrace en 4 épisodes le parcours de Gisèle Pelicot, le procès, et les questions collectives que cette affaire soulève.
🔍 Conclusion : nommer pour protéger
L’affaire Pelicot révèle une réalité encore largement invisibilisée : des violences sexuelles rendues possibles par la manipulation chimique du corps, de la conscience, et du consentement.
👉 Mettre en lumière ces violences, c’est agir.
👉 Ouvrir les yeux, c’est (sur)vivre.
👉 Croire les victimes, c’est commencer à réparer.
Céline Gaschen
Fondatrice du cabinet Humanité.2 | Créatrice du GPS Harcèlement & VSS

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