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Je ne sais pas Vous ? J-5

Dernière mise à jour : 5 mai 2020

À 5 jours du déconfinement. Je ne sais pas Vous ? mais les questions fusent !


L'école d'abord. Voilà qu'apparaissent des informations inquiétantes sur les impacts possibles du virus sur les enfants au moment où notre président de la République prend la décision de ré-ouvrir les écoles.

Faut-il remettre les enfants à l'école ? sachant qu'une des premières erreurs de stratégie notable fût la réouverture à la rentrée des vacances de février. Personnellement, ayant la possibilité de m'organiser autrement je ne prendrai aucun risque. La priorité reste la santé. Si les aspects économiques conditionnent fortement mon rapport au monde matériel, ils ne l'emporteront pas sur mon besoin de sécurité. Alors je ne sais pas Vous ? mais tant que je n'ai pas plus de recul sur cette "pandémie", je mesure mes actes et je suis prudente d'autant plus s'il s'agit de mon fils.


Le retour dans le monde du dehors. Cela fait deux mois ou presque que nous sommes enfermé.e.s et que nos relations se limitent à celles et ceux qui partagent notre foyer. Pour les confiné.e.s solo, c'est une relation à soi-même qu'il s'est vécue.

Là aussi est un grand questionnement. Comment allons-nous nous retrouver avec cette distanciation sociale qui va régir nos interactions. J'essaie toujours (enfin presque!) de chercher la lumière quand l'obscurité guette. Alors je me dis : à la tentation d'être triste de ne pouvoir nous toucher, de ne pouvoir nous étreindre, de ne pouvoir nous embrasser comme avant ... si, pendant un temps, nous acceptions l’expérience comme un jeu : celui de regarder autrement.. peut être plus amplement et d'entrer en relation en étant davantage dans la conscience de l'espace des uns et des autres.

Je ne sais pas Vous ? mais n'avez-vous jamais expérimenté cette gêne quand une personne vous parle de trop près ? Je suis très sensible à l'énergie. Depuis toujours je peux sentir l’énergie d'un lieu, d'une personne... Et je me demande, comment faire de cette distanciation un atout plutôt qu'une limitation provoquant une frustration ? et bien un début de réponse... c'est de me laisser sentir ce que je vis au contact des mêmes lieux et des mêmes personnes en étant dans ma bulle, distanciée de la bulle de l'autre. Peut-être est-ce une occasion d'entrer en relation avec l'autre à partir de soi et de ce que nous ressentons vraiment. Peut-être même est-ce un apprentissage qui se propose afin d'oser la vie à partir de soi là où hier nous nous laissions encore trop guider par l'autre et son désir sans même en avoir conscience.

Je ne sais pas Vous ? mais l'aspect fusionnel et symbiotique qui consiste à être davantage à l'écoute des besoins des autres que des miens m'a amené à vivre certaines déconvenues. Aussi j'imagine assez bien que ce retour chez soi que nous expérimentons dans le confinement et dans la distanciation sociale soit une porte vers la découverte et la restauration de notre intégrité.


Enfin je pense à toutes les personnes qui vont reprendre le travail à partir du 11 mai et à leur atterrissage dans leur poste auprès de celles et ceux ayant continué de travailler pendant le confinement. Il y aura un choc. Cela est inévitable. Le témoignage de certaines entreprises vivant déjà cette situation alerte sur la nécessité de créer des espaces d'échanges pour les uns et les autres.


Pourquoi ? parce que cette période a fait naître chez chacun.e d’entre nous des émotions et des questionnements profonds sur le sens de l’existence. Il est possible que certain.e.s ressentent une forme d’incongruence à retourner travailler car ils auront fait un chemin intérieur les empêchant de reprendre comme avant… difficile de rétro-pédaler non ? Et puis pour celles et ceux qui ont continué de travailler, il a sans doute un sentiment d’avoir été au rendez-vous et des projections sur ceux qui sont restés confinés. Il est essentiel de reconnaître leur travail et leur courage. Des gestes symboliques sont à construire. Je ne sais pas Vous ? mais je crois que cet atterrissage est à accompagner afin que chacun.e puisse se sentir en paix avec les ressentis et les décisions.

Je crois aussi que pendant cette période, nous avons développé des ressources et qu'il est important de les faire vivre au delà de cette expérience. Elles sont à identifier afin ne pas brider les élans des salarié.e.s et voir avec eux si et comment cela est possible.

D’autres auront pu traverser des phases délicates avec beaucoup d’anxiété et avoir besoin de temps pour faire le point sur ce qu’ils souhaitant pour l’avenir. Enfin, la peur risque d’être présente au quotidien et exercer une pression dans les relations interpersonnelles et professionnelles. Alors que faire ? et comment le faire ? bonnes questions... acceptons de ne pas avoir toutes les réponses. Je ne sais pas Vous ? mais je crois qu’une piste est de proposer des espaces personnels et collectifs pour accueillir l’expérience vécue et voir comment elle peut devenir une force pour soi et pour l’organisation. Et pour celles et ceux qui ne pourront faire ce chemin du retour, peut être l'accompagnement consisterait à aider à quitter pour aller vers plus de congruence avec ce qu’ils et elles sont devenu.e.s, riches de cette expérience.


Alors à J-5, je nous souhaite du courage, soit du cœur à l'ouvrage. Soyons dans le monde ce que nous voulons pour le monde.


Chaleureusement,

Céline Gaschen







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