Je ne sais pas Vous ?
La conscience se fait un peu plus chaque jour sur la densité de l’expérience vécue. Chaque matin, la seconde qui suit le réveil provoque un électrochoc. A la douceur des rêves succède la réalité : "Nous sommes en confinement ! " Chaque matin, le besoin de me réinventer et de me laisser inspirer pour trouver des activités pour mon fils. La nécessité de protéger l’espace pour que nous puissions continuer à rêver, à rire, à jouer malgré la situation qui se vit dehors pour tellement de personnes.
Je pense aux malades et à leurs familles. Pour les plus chanceux : la peur de perdre, la peur de contaminer ou d’être contaminé.e.s. Pour d'autres : l’âpreté de la vérité est sans appel. Dans le deuil aussi, l’expérience est sidérante. Nous ne pouvons accompagner nos morts de manière traditionnelle. A partir cœur, se relier aux défunts car une forme de lien continue... Je pense aux soignant.e.s que je regarde, que j'admire ! moi qui a peur de croiser le virus sur mon sac de course, ils et elles le côtoient chaque jour presque uniquement protégé.e.s de leur courage et leur abnégation. Ils et elles ont quitté leur conjoint.e, leur.s enfant.s, ont mis leur vie entre parenthèses pour soigner nombre d'entre nous. Aux soignant.e.s, c’est une reconnaissance éternelle qui leur est due, à laquelle il serait décent d’ajouter une reconnaissance financière. Votre métier a tellement de valeur! Puissiez-vous recevoir toute la reconnaissance qui vous revient. Je pense à toutes ces personnes qui travaillent et qui s’exposent quotidiennement. Les caissier.ères, les postier.e.s, les policier.e.s…
Mesdames, Messieurs, merci ! Merci de nous offrir dans le confinement le confort de pouvoir bénéficier de l’accès aux services qui nous sécurisent dans nos besoins de base. Et puis il y a l’étrangeté d’un phénomène qui se vit pour moi. Je ne sais pas Vous ? il y a des moments délicats à passer, des émotions lourdes à gérer et dans le même temps, il y a une compréhension qui se fait. Doucement et à son rythme, elle informe sur ce que nous quittons et sur la direction à prendre… Alors décidons. Dimanche matin, en ouvrant le dernier numéro du magazine Femmes ici et d’ailleurs, je me suis arrêtée sur un article qui décrit l’expérience d’une chasseuse à l’aigle mongole. En lisant son histoire, j’ai découvert que ces oiseaux de proie étaient gardés avec une pièce en cuir qui leur couvre les yeux afin qu’ils ne voient pas et ne soient pas tentés de s’enfuir. Depuis que se perpétue cette tradition ancestrale, les aigles se voient tout simplement privés de leur don pour les besoins de l’homme. Dans la même journée, j’ai découvert le dessin animé SPIRIT avec mon fils. S’ouvrant sur l’image d’un aigle volant au dessus des canyons, j’ai d’abord souri de ce curieux hasard avant de me laisser emporter par le scénario et les images magnifiques. C'est donc le récit de la vie d’un étalon sauvage qui après connu la liberté sur sa terre natale se fait capturer par des soldats américains. C’est une démonstration de force et de courage incarnée par cet esprit vif et indomptable (SPIRIT) qui ne se laisser pas dresser et n’abandonne pas sa liberté. En cette même journée, j’ai vu combien l’être humain s’inscrit dans ce mouvement de conquête de l’espace et d’asservissement des animaux de manière à répondre à ses propres besoins : Besoin de se nourrir, besoin de Pouvoir, besoin de se déplacer, besoin d’exploiter la force des animaux et de la nature pour toutes sortes d’activités… besoin de croître infiniment sans conscience de l'intelligence qui l'entoure. Je ne sais pas Vous ? Mais si jusque là nous avons fonctionné ainsi, pour moi ça s'arrête maintenant. Nous avons aujourd'hui à vivre autrement et à trouver le bon rapport à la terre et à ses habitants issus des différents règnes. Il y a quelques mois, nous avons essuyé des incendies gargantuesques qui ont avalé beaucoup trop d’hectares de forêts en Amazonie et en Australie. Depuis plusieurs semaines, nous sommes face à un organisme vivant qui nous rend malade, tue les plus vulnérables d’entre nous. Le gouvernement français a déclaré la guerre à ce virus ! comme si nous pouvions nous battre contre un ennemi invisible. J’ai été sensible au récent coup de gueule de Coline Serreau. Je ne sais pas Vous ? L'humilité n'est-elle pas requise face à cette épreuve ? En changeant de perspective, puissions-nous comprendre le caractère sacré de la vie.
Je ne sais pas Vous ? mais derrière cette épidémie se cachent nos peurs la plus archaïques : de mourir, de souffrir, de perdre un être cher, d’avoir « raté » sa vie. L’antidote étant l’amour, commençons par aimer la vie. Protégeons la sous toutes ses formes et respectons l’équilibre fragile qui la rend possible. Et laissons-nous guider. Tout est autour de nous, devant nos yeux, livré à notre entendement ; Dans le minéral, dans le végétal, dans l’animal, dans les planètes et les étoiles, pour nous inspirer... Et ainsi trouver les meilleures solutions, Pour stopper le feu des armes et des forêts qui prive la terre de ses populations.
Avec douceur, soyons Bâtisseurs du monde, avec Notre Dame la Terre.
Chaleureusement,
Céline Gaschen
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